đŠ Les licornes tombent comme des mouches
Quatre exemples de licornes victimes de la crise Ă©conomiques, mais pas que.
Il fait mauvais temps pour les licornes.
La crise Ă©conomique les assĂšche en les empĂȘchant de relever des fonds.
Voilà quatre exemples de licornes, ou presque licornes, exsangues. Leurs chiffres clés, leur histoire et pourquoi elles se sont plantées.
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Les licornes tombent comme des mouches
Cette semaine, WeWork devait annoncer sa mise en faillite.
Mais ce nâest que lâarbre qui cache la chute des licornes.
Depuis le début de la crise économique, le retour est au pragmatisme pour les investisseurs.
Le « Merci de bien vouloir faire des bĂ©nĂ©fices » qui, jusquâil y a 2 ans, Ă©tait considĂ©rĂ© comme un gros mot dans lâĂ©cosystĂšme des startups, redevient la norme.
Les licornes, et les startups qui veulent le devenir, souffrent.
La principale raison : la stratĂ©gie de la licorne est basĂ©e sur les levĂ©es de fonds pour financer leur hypercroissance, pas sur le chiffre dâaffaires.
Or, quand les investisseurs dĂ©cident de changer de rĂšgle et dâinvestir dans les sociĂ©tĂ©s qui font des bĂ©nĂ©fices, ben la trĂ©sorerie de ces startups en prend un coup. Elle se retrouve prise en Ă©taux entre un Ă©norme cash burn et des dettes colossales Ă rembourser, sans chiffre dâaffaires ni nouvelles possibilitĂ©s de lever des fonds pour y faire face.
Du coup, quand il nây a plus de cash, les licornes meurent de soif et de ne pas pouvoir honorer leurs Ă©chĂ©ances.
Analysons 4 exemples de crash annoncés
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WeWork : Les vertiges de la démesure
Chiffres clés :
Total des investissements : 21,7 milliards.
Valeur maximale atteinte : 47 milliards de dollars
Valeur de la sociĂ©tĂ© en novembre 2023 : 43 millions dâeuros (une baisse de 99%).
Lâhistoire
Pour ceux qui vivent dans une grotte, ce qui nâenlĂšve rien Ă leur charme, WeWork est une sociĂ©tĂ© qui met Ă disposition des locaux et des services de coworking un peu partout dans le monde. Elle dispose de 777 sites, dont 15 Ă Paris pour 150 000 m2 de bureaux, et est le plus gros bailleur de Manhattan.
Parler de WeWork, câest parlĂ© de dĂ©mesure en y ajoutant des superlatifs
La démesure des investissements et de la valorisation, déjà .
21,7 milliards dâinvestissements et une valorisation qui est montĂ©e Ă 47 milliards de dollars avant de sâeffondrer Ă 43 millions et que la sociĂ©tĂ© ne se place sous la protection du Chapitre 11 de la loi amĂ©ricaine sur les faillites le 6 novembre 2023.
La démesure du gourou-fondateur de WeWork : Adam Neumann.
Adam Neumann sâest distinguĂ© lors de son aventure chez WeWork par :
Des ambitions complĂštement dĂ©lirantes : il rĂȘvait de devenir le premier trillionnaire de lâhistoire et ĂȘtre immortel.
Une maniĂšre de travailler hallucinante : il disait quâil suffisait de visualiser le succĂšs pour lâatteindre.
Un train de vie dĂ©mesurĂ©Â : il a achetĂ© 6 propriĂ©tĂ©s dans le monde avec lâargent de ses actionnaires.
Un management chaotique : il a embauchĂ© des dizaines dâingĂ©nieurs qui nâont jamais eux dâinstructions pour travailler.
Les bureaux de WeWork sont de centres de fĂȘtes extravagantes Ă base dâalcool, de drogue et de sexe, oĂč des stars sont payĂ©es pour se produire
Et des investissements ahurissants, comme celui concernant une société spécialisée dans les piscines à vagues (Adam Neumann est un passionné de surf).
Quand la sociĂ©tĂ© doit entrer en bourse, les comptes sont publiĂ©s et montrent lâĂ©tendue des dĂ©gĂąts. En plus de lâaffichage de la gestion de WeWork, on sâaperçoit que la sociĂ©tĂ© perd 2 milliards de dollars par an.
Débarqué en 2019, Adam Neumann réussit le tour de force de quitter la société avec un parachute doré de⊠1,7 milliard de dollars.
Pour la petite histoire, Adam Neumann ne quitte jamais la démesure.
Il vient de lever 350 millions de dollars - un record pour une entreprise en amorçage - auprĂšs de l'un des plus grands fonds de la Silicon Valley, Andreessen Horowitz (connu pour ses investissements dans Airbnb, Facebook, Lyft, Slack, GitHub, Instagram ou Skype, ce n'est donc pas un lapin de garenne fraĂźchement sorti du terrier), et d'obtenir au passage le statut de licorne - startup valorisĂ©e pas moins de 1 milliard de dollars... alors que la nouvelle sociĂ©tĂ© quâil est en train de crĂ©er, Flow, nâest mĂȘme pas lancĂ©e !!!
La dĂ©mesure de lâinvestisseur principal : Softbank, et son cinglĂ© de fondateur, Masayoshi Son.
SoftBank, le premier VC Ă avoir crĂ©Ă© un fond de 100 milliards de dollars, a investi, Ă lui seul, 20,7 milliards de dollars dans WeWork, sur les 21,7 milliards quâa levĂ©s WeWork.
Masayoshi Son, le fondateur de SoftBank, est lâinvestisseur le plus cinglĂ© de lâhistoire. Sa vie est un roman.
En résumé, parti de rien, il a :
Fait une premiĂšre de fortune de 500 000 dollars, alors quâil est Ă©tudiant.
Dans les années 90, il fait fortune en misant sur les premiÚres startups du Web
Puis il subit le crack de la bulle internet en 2000 et perd 70 milliards.
Il rencontre Jack Ma et investit 20 millions de dollars dans son entreprise, Ali Baba.
Il récupÚre 110 milliards de dollars
Il commence Ă investir dans tous les sens.
Et perd dans les années dans les années 2010.
Il rencontre alors Mohamed Ben Salman, le futur prince hĂ©ritier de lâArabie Saoudite, quâil convainc de lui prĂȘter 60 milliards afin de monter un fonds de plus de 100 milliards de dollars.
Et il relance ses investissements à coups de milliards, dont Netflix et⊠WeWork.
SoftBank a un trou de 17 milliards au début du Covid.
Il achĂšte alors pour 5 milliards dâactions Ă la bourse dans les sociĂ©tĂ©s qui ont le vent en poupe pendant le Covid.
Il se refait alors de 50 milliards
En août 2022, il en a déjà reperdu la moitié, notamment šgrùceš à WeWork.
Pourquoi WeWork sâest plantĂ©
WeWork sâest plantĂ© en partie parce que :
Son fondateur initial a cramĂ© le pognon de ses investisseurs nâimporte comment.
Le Covid et ses confinements a dézingué ses locations.
Sa proposition de coworking nâa pas sĂ©duit autant quâil ne lâespĂ©rait.
Il a survalorisé les locations par rapport aux capacités des acheteurs
Et la banderille finale : plus personne ne veut investir dans cette sociĂ©tĂ© qui nâa pas rĂ©ussi Ă vendre suffisamment.
Et pourtant, la demande de coworking ne cesse de grandir, passant de 30 milliards de dollars en 2018 Ă 120 milliards en 2025âŠ
Finalement, aux derniÚres nouvelles, SoftBank a proposé de remettre 3 milliards sur la table le 7 novembre 2023.
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Luko : Victime de la stratégie de la licorne
Chiffres clés :
Montants investis : 72 millions
Montant de la dette : 45 millions.
Valorisation maximum : 250 millions
Lâhistoire
Luko a doctement suivi la stratégie de la licorne depuis sa création.
LâĂ©cosystĂšme lui a dit : « lĂšve des fonds dâabords ».
Luko a obéi et levé 2 millions en 2018, 20 millions en 2019 et 50 millions en 2020.
Luko sâapprĂȘtait Ă lever 100 millions en 2022, histoire de devenir une licorne, de continuer son dĂ©veloppement et de gĂ©rer ses dettes. Mais lĂ , patatras, la stratĂ©gie de la licorne nâest plus dâactualitĂ©.
La crise est passée par là et les investisseurs ne veulent plus de startups qui se développent principalement par les levées de fonds : elles veulent des boßtes qui font des bénéfices ou qui en soient proches.
Petit problÚme : chez Luko, on en est loin de faire des bénéfices.
DeuxiĂšme petit problĂšme : Luko a profitĂ© de ses levĂ©es de fonds pour faire ses emplettes. Il a achetĂ© son concurrent allemand Coya (11 millions dâeuros), ce qui lui a permis de devenir officiellement une assurance, et Unkle (22 millions dâeuros) et ses contrats dâassurances habitation.
TrÚs bien, bonne stratégie de licorne.
Malheureusement, dans le deal rĂ©alisĂ© avec les actionnaires dâUnkle, une clause indique que les titres dâUnkle seront Ă©changĂ©s contre des actions de Luko, dont le prix sera celui de la future levĂ©e de 100 millions dâeuros (avec une dĂ©cote de 30%).
Vous voyez venir le nouveau problÚme ?
La levĂ©e de fonds nâayant pas eu lieu, lâĂ©change dâaction sâest transformĂ© mĂ©caniquement en dette (pour comprendre la mĂ©canique exacte, voir lâexcellent article de Benjamin Charles).
Bref, les dettes sâajoutent aux dettes et le cash burn ayant šlĂ©gĂšrementš augmentĂ© avec sa croissance de licorne, Luko sâest retrouvĂ© coincĂ© en quelque mois Ă ne plus pouvoir faire face Ă ses obligations.
Pourquoi Luko sâest plantĂ©
Luko sâest plantĂ© en partie parce que :
Il a accumulé des dettes
Il a accumulé du cash burn
En pensant que le financement Ă lâinfinie de la stratĂ©gie de la licorne allait lui permettre de continuer longtemps comme ça.
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Orange Bank : La banque qui a oubliĂ© dâĂȘtre une banque
Chiffres clés :
1 milliards dâeuros de perte dâexploitation en 7 ans.
Lâhistoire
Orange sâapprĂȘte Ă enterrer en catimini sa nĂ©o-banque : Orange Bank.
Orange Bank est un spin off dâOrange voulue par Antoine Richard, lâex PDG dâOrange.
(Oui, spin off est masculin. Je viens de vérifier dans le dictionnaire).
Un spin off est une start-up ou une entreprise créée à partir de connaissances et technologies issues de la recherche, souvent d'un laboratoire universitaire ou scientifique.
Sauf que lĂ , pas de technologie, juste la volontĂ© dâun PDG.
Bref, Orange Bank, qui devait devenir šle Free des nĂ©obankš, selon Antoine Richard himself, est crĂ©Ă©e en 2017 avec pour ambition de devenir rentable en 2022 et dâatteindre 2 millions de clients en 2025.
En 2023, Orange Bank est largement dans les temps de passage en ce qui concerne lâobjectif du nombre de clients. Elle en revendique 2,6 millions en France et en Espagne.
Elle a juste oublié un point essentiel : leur proposer des services bancaires.
Explication
Orange Bank compte 1,5Â million de clients en France.
La moitiĂ© d'entre eux, environ, ont Ă©tĂ© recrutĂ©s via Orange, lâopĂ©rateur tĂ©lĂ©phonique.
Ils sont devenus clients pour sâĂ©quiper d'un contrat d'assurance afin de protĂ©ger leur mobile.
Pour la plupart, ils ne savent pas qu'ils sont considérés comme clients d'Orange Bank.
Et pour les clients qui utilisent la banque pour ce quâelle, il existe trĂšs peu de produits bancaires :
le compte courant
un livret bancaire fiscalisé
du crédit conso.
Et câest tout.
Orange Bank est avant tout un outil dâaide Ă la vente dans les boutiques de lâopĂ©rateur tĂ©lĂ©phonique, en proposant des crĂ©dits lors de lâachat de smartphones ou des assurances pour les mĂȘmes smartphones.
Jouons au jeu des comparaisons pour bien comprendre oĂč en est Orange Bank.
Si on regarde les dĂ©pĂŽts (ce que les clients ont sur leur compte ordinaire et leur compte Ă©pargne) fin 2022 dâOrange Bank et Boursorama.
Les deux banques emploient le mĂȘme nombre de personnes. 900 chez Orange Bank, 887 chez Boursorama
Orange Bank dispose de 1,7 milliard dâeuros de dĂ©pĂŽt.
Boursorama dispose de 50 milliards.
Continuons les comparaisons.
Cette fois-ci avec Fortuneo, filiale du Crédit Mutuel Arkéa (qui, au passage, est rentable depuis des années avec son million de clients).
L'encours moyen des clients de la banque bretonne atteint entre 30 000 et 40 000 euros.
Chez Orange Bank, il est compris entre 400 et 500 euros.
Lâencours moyen dâOrange Bank est donc prĂȘt de 100 fois infĂ©rieur Ă celui de Fortuneo.
Pourquoi ?
Parce que chez Fortuneo, plus de la moitié des clients y domicilient leurs salaires.
La notion de service paie.
RĂ©sultats des courses, plus il a de clients, plus les pertes annuelles se creusent chez Orange Bank.
On est passĂ© de 68 millions dâeuros de pertes en 2017 Ă 200 millions en 2022.
Total cumulĂ©Â : 1 milliard dâeuros.
1 milliard.
Pour vendre des assurances de téléphone.
Câest le cauchemar rĂ©curent de Christel Heydemann, la nouvelle prĂ©sidente dâOrange.
Elle a donc décidé de vendre Orange Bank.
Les grands groupes bancaires, de Crédit Agricole à Société Générale ont tous décliné la proposition.
Le seul qui ait bien voulu reprendre ce gouffre financier est le fonds américain Cerberus.
Cerberus a fait une proposition Ă Orange pour racheter sa banque.
Il a proposĂ© 1 milliards dâeuros.
Plus exactement, Cerberus a proposĂ© quâOrange lui fasse un chĂšque dâun milliard dâeuros, pour lui reprendre cette pseudo-activitĂ© bancaire.
Aux derniÚres nouvelles, un protagoniste aurait indiqué que « La position de Cerberus tue leurs chances d'avoir Orange Bank ».
Ah bon ?
Finalement, Orange est proche dâun deal avec Hello Bank ! de BNP Paribas.
Le deal : Orange Bank ferme et donne lâexclusivitĂ© Ă Hello Bank ! pour prospecter ses clients, moyennant un ticket de 100⏠par clients qui basculerait chez elle.
Mais comment prospecter un client dâune banque qui ne sait mĂȘme pas quâil en est client ?
Au passage, Jacques Aschenbroich, prĂ©sident non exĂ©cutif dâOrange est Ă©galement au board de BNP Paribas.
Mais on me dit dans lâoreillette quâil nâaurait officiellement pas participĂ© aux votes concernant ce deal.
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Hopium : Celui qui nâa pas compris la stratĂ©gie de la licorne
Chiffres clés :
Création : 2019
Entrée en bourse ; 2020
Valeur en 2021 : 490 MâŹ
Valeur en novembre 2023 :1,79 MâŹ
Fonds propres en Juillet 2023Â : - 31,9 millions
Lâhistoire :
Hopium devait devenir le Tesla Français de la voiture à hydrogÚne.
CrĂ©Ă©e par lâancien pilote automobile Olivier Lombard en 2019, elle entre en bourse dĂšs dĂ©cembre 2020 pour lever 11,7 millions dâeuros.
Juin 2021, Hopium présente en grande pompe son premier prototype roulant au salon Viva Tech.
(Ah ! On me dit dans mon oreillette que ce prototype ne roulait pas. Il y a des mauvaises langues, quand mĂȘme.)
ĂtĂ© 2021, la sociĂ©tĂ© est valorisĂ©e 490 millions dâeuros.
Courant 2022, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, devient Président l'entreprise, créant un petit scandale.
En septembre 2022, Hopium annonce qu'elle va implanter sa premiĂšre usine d'assemblage en Normandie.
Comptes 2022 : les fonds propres de la sociĂ©tĂ© sont nĂ©gatifs Ă -10,4 millions dâeuros. La trĂ©sorerie est aussi nĂ©gative Ă -1,3 million dâeuros. Les pertes sont de 23,9 millions dâeuros.
La faute Ă lâembauche de 116 ingĂ©nieurs, dâaprĂšs Hopium.
DĂ©but 2023, lâex-ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, sort discrĂštement dâHopium.
En juillet 2023, Hopium entre en redressement judiciaire. La sociĂ©tĂ© Ă 88 k⏠en caisse et ses fonds propres sont nĂ©gatifs Ă -31,9 millions dâeuros.
Que sâest-il passĂ©Â ?
Ce qui mâa toujours Ă©tonnĂ© avec Hopium, câest le peu de fonds levĂ©s par la sociĂ©tĂ© pour crĂ©er Ă la fois une voiture, mais aussi une technologie : la pile Ă hydrogĂšne que doit utiliser la voiture.
Lâautre point Ă©tonnant : lâentrĂ©e en bourse 1 an aprĂšs la crĂ©ation de lâentreprise.
LâentrĂ©e en bourse, dans la stratĂ©gie de la licorne, se fait gĂ©nĂ©ralement aprĂšs avoir Ă©puisĂ© le maximum de levĂ©es de fonds auprĂšs dâinvestisseurs type VCs.
LâentrĂ©e en bourse, elle, doit permettre de lever des fonds, mais surtout de rendre le capital liquide. Câest-Ă -dire quâil permet aux investisseurs de revendre leurs actions facilement et dâencaisser leur plus-value.
Ce qui facilite la vie des VCs.
Commencer par entrée en bourse rend difficile la levée de fonds auprÚs des VCs. En effet :
Il nây a pas de marge de nĂ©gociation sur la valeur de la sociĂ©tĂ©, celle-ci Ă©tant fixĂ©e par la bourse.
Chaque nouvelle levĂ©e va diluer le reste de lâactionnariat, dont les investisseurs de la bourse.
Ceux-ci vont donc vendre leurs actions avant la levĂ©e de fonds, ce qui va mĂ©caniquement faire baisser la valeur de lâentreprise.
Et comme dit plus haut, il faut beaucoup de cash pour crĂ©er une industrie from scratch, dâautant plus si elle intĂšgre une nouvelle technologie de moteur, comme la pile Ă hydrogĂšne.
Si on regarde de plus prÚs, Hopium à lever :
2020 : 11,7 millions avec lâentrĂ©e en bourse
2021Â : 11 millions
2022Â : 4,1 millions
On va refaire le jeu des comparaisons avec une société similaire qui a réussi dans ce domaine : Tesla.
VoilĂ les principales Ă©tapes quâa passĂ©es Tesla :
2004 : levĂ©e de 7,5 millions (dont 6,5 dâElon Musk).
Février 2006 : levée de 13 millions.
Mai 2006 : levée de 40 millions.
Juillet 2006 : premiers prototypes.
Ă la mĂȘme Ă©tape, Hopium a levĂ© 22 millions vs. 60 millions pour Tesla, pour un prototype dont on dit quâil ne roulait pas.
Mai 2007 : levée de 45 millions.
Janvier 2009 : livraison des 147 premiers véhicules.
Janvier 2009 : levĂ©e de 187 millions, dont 70 dâElon Musk.
2009 : PrĂȘt de 465 millions.
29 juin 2010 : entrée en bourse : 226 millions (vs. 11,9 millions pour Hopium).
2012 : production en série du modÚle S.
Au total, il faut plus dâun milliard pour lancer lâindustrialisation dâun vĂ©hicule avec une nouvelle technologie de propulsion.
Il manque donc deux zĂ©ros sur le montant quâHopium peut lever pour devenir le Tesla français.
Pourquoi Hopium sâest plantĂ©
Hopium en commençant par lâentrĂ©e en bourse montre :
Soit un manque dâambition pour crĂ©er une vraie industrie automobile, ce qui rĂ©vĂšle le peu dâintĂ©rĂȘt pour son propre projet.
Soit sâest complĂštement plantĂ© dans le dimensionnement de son projet, ce qui relĂšve de lâamateurisme, ce dâautant plus que lâexemple de Tesla Ă©tait lĂ .
Peut-ĂȘtre que lâobjectif initial, en crĂ©ant Hopium Ă©tait autre, du type « moi aussi, je peux monter une startup ».
Il existe encore une voie de sortie autre que le dépÎt de bilan pour Hopium.
La sociĂ©tĂ© sâest recentrĂ©e sur le dĂ©veloppement de la pile Ă hydrogĂšne et a abandonnĂ© le dĂ©veloppement du vĂ©hicule.
Un investisseur sâest prĂ©sentĂ©, la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine Micromobility.com.
Hopium Ă jusquâau 14 janvier pour finaliser une solution.
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Les points communs Ă ces 4 plantages
Les quatre startups ont utilisé la stratégie de la licorne.
Les quatre se sont engagées sur des dépenses énormes qui ont créé de la dette et du cash burn.
Les quatre nâont pas fait assez de chiffres dâaffaires pour ĂȘtre rentable.
Les quatre se sont retrouvés coincés par le retournement du marché dont les investisseurs se sont mis à chercher des entreprises qui font des bénéfices.
Quâen pensez-vous ? Discutons en encommentaire en bas de la page đŹ
Merci pour les analyses !Juste vous parlez de Wework dans la section de Luco. Rien de bien méchant si l'on regarde la qualité du reste...à les copier-coller :-)
Excellente analyse. Merci !